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Une Tribu de Jouets
28 juin 2011

Fragilité des enfants, réalité ou illusion ?

 

Chez Tribu Nature, on est vigilant à ce que nos enfants respirent, ingèrent et touchent… mais pourquoi ? Les enfants seraient-ils plus fragiles que nous, les adultes ?

 

Avant de répondre à cette question, il me paraît important de préciser que le sujet ne semble pas intéresser les scientifiques. En effet, les rares études à ce sujet datent de 10, voire 20 ans… Et pour cause, comme le souligne Behrman[1] dans son article de 1996, l’étude de l’effet des toxiques doit être faite au cas par cas pour chaque composé. Au cours de l’évolution du bébé en enfant, puis de l’enfant en adulte, les composés chimiques ne sont pas assimilés ni métabolisés de la même manière.

A mes yeux, ces composés sont inquiétants parce qu’ils agissent comme des perturbateurs du fonctionnement ou du développement de l’organisme.

 

L’enfant est plus vulnérable (période de développement critique)

 

Pour commencer, posons quelques données physiologiques :

Le développement de l’enfant nécessite la mise en place progressive des différents systèmes et organes qui constituent le corps humain, leur maturation se faisant par étapes successives :

 

  1. naissance des cellules
  2. migration des cellules = déplacement des cellules jusqu’à leur lieu de fonctionnement (Imaginez un peu : une cellule formée dans l’embryon, ce petit être de 2 cm, va se diviser pour donner une cellule du pied, du cœur, ou du cerveau de ce grand être de 1,70m !)
  3. différentiation  = maturation des cellules (idem, à partir d’un embryon de quelques cellules, il va falloir faire des cellules de la peau, des cellules nerveuses, des cellules cardiaques, etc…)
  4. mise de place de voies de communications entre les cellules et les organes : communication hormonale et neuronale (Pour que le corps fonctionne, c’est indispensable !)

 

Chez l’enfant, de nombreux organes sont encore immatures et donc potentiellement vulnérables face aux produits toxiques :

 

Ø  Démuni de la protection qu’il avait in utero, le nouveau-né doit compter sur sa barrière cutanée (peau et muqueuses) pour se protéger, mais elle reste pendant plusieurs mois très perméable aux produits avec lesquels le bébé est en contact[2]

 

Ø  Même si le stock de neurones est complet au bout de 6 mois de vie embryonnaire, le système nerveux central (cerveau + moelle épinière) continue à se développer jusqu’à l’adolescence ! De plus, la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau, est très perméable aux substances chimiques jusqu’à 6 mois[3].

 

Ø  Les poumons se développent également de façon assez lente puisque les alvéoles pulmonaires (lieu d’échange entre l’air et le sang) ne seront totalement mûrs qu’à l’adolescence.

 

Ø  Le rein n’est capable d’assurer sa fonction de filtration de façon optimale qu’à partir de l’âge de 2 ans.[1] Jusqu’à 2 mois, les déchets sont éliminés 2 fois plus lentement que chez un adulte et jusqu’à 6 mois, les nourrissons ne bénéficient pas d’une détoxification efficace.

 

Ø   Le foie, dont la fonction principale est également la détoxification de l’organisme, ne contient pas à la naissance toutes les enzymes nécessaires au métabolisme de certains toxiques. Ce n’est qu’à partir de 2 ans que le foie produit ces enzymes. Avant, les toxiques sont éliminés plus difficilement par les nourrissons.[2]

 

Ø   Les organes reproductifs des enfants, en plein développement, sont particulièrement sensibles aux substances toxiques et cancérigènes. Puisqu’ils sont le support de l’information qui sera léguée à leurs propres enfants, une altération de leurs ovules/spermatozoïdes pourrait être transmise à leur descendance.[3]

 

Bref, la période du développement de l’enfant est une période critique parce que tout se met en place à ce moment. Non seulement il peut être victime d’intoxication à effet immédiat (tel que le plomb qui cause le saturnisme), mais en plus, certaines substances chimiques peuvent perturber le développement de l’enfant (puberté précoce, voire très précoce…) ou un effet à retardement (mutation potentiellement cancérigène, allergies, …).

 

L’enfant est plus exposé (effet dose)

 

Un dossier édité par l’institut de la santé pédiatrique aux Etats-Unis résume les facteurs aggravant l’exposition des enfants aux toxiques[4].

Le tableau ci-dessous résume quelques-uns des résultats de cette étude :

 

 

Nouveaux-nés

Enfants

Adultes

Surface d’exposition

ratio corps/poids

0,0067 m²/kg

0,0047 m²/kg

0,005 m²/kg

Volume respiratoire

10 mL/kg/respiration

-

2 mL/kg/respiration

Fréquence respiratoire

40 respirations par minute

-

75 respirations par minute

 

Quelques explications pour mieux interpréter les données de ce tableau :

 

Un enfant, et à fortiori un nouveau-né, sont des individus de petite taille et on aurait tendance à croire que, du coup, ils sont moins exposés que les adultes aux toxiques… ce tableau nous montre que cette idée est fausse. En effet, il faut également tenir compte du poids : le volume relatif des organes chez un enfant étant plus important que chez un adulte, le taux de toxiques perfusant les organes est donc proportionnellement plus important chez les enfants que chez les adultes. Autrement dit, plus un individu est grand et corpulent, plus il est résistant. Ca vous semble plus logique comme ça ? Eh bien voilà pourquoi les scientifiques expriment leurs résultats en tenant compte du poids de l’individu étudié. Ce tableau nous montre donc que les enfants sont 2 fois plus exposés que les adultes, et les nouveau-nés presque 3 fois plus !

 

Ensuite, le tableau nous indique que, par rapport à un adulte, un enfant respire 2 fois moins vite qu’un adulte et ingère 5 fois plus d’air par respiration. Au final, un enfant inspire plus de 2,5 fois plus d’air qu’un adulte (comparativement à leur poids) !

Dans la même étude, on apprend aussi qu’un enfant boit 7 fois plus qu’un adulte… vous comprenez bien que la pollution extérieure de l’air et/ou de l’eau a une incidence plus importante sur les enfants que sur les adultes…

 

La même étude a aussi observé qu’entre 1 et 5 ans, un enfant consomme 3 à 4 fois plus de nourriture qu’un adulte. De plus, son alimentation, souvent plus riche en fruits et légumes, l’expose à une plus forte concentration de pesticides, souvent les mêmes. Par exemple, les pommes sont le fruit principalement consommé par les tout-petits (compote, etc…). Alors si les pommes sont traitées par des pesticides et que l’enfant consomme principalement des pommes… je vous laisse conclure, vous voyez où je veux en venir ! (Attention, ne concluez pas qu’il ne faut plus donner à manger des fruits et légumes, bien au contraire ! Il faut juste regarder ce que l’on achète !)

 

De plus, les différents organes sont plus fortement irrigués pendant les 1ères années de la vie puisque c’est le sang qui apporte les nutriments essentiels au développement[1]. Par exemple, le cerveau constitue près de 11% du poids d’un nouveau-né alors qu’il ne représente que 2% du poids de l’adulte. De plus, pendant l’enfance, le cerveau est en phase de développement, il est donc beaucoup plus irrigué par le sang, potentiellement contaminé par des substances toxiques. Parmi ces substances toxiques, le plomb est particulièrement dangereux : alors que les adultes sont capables de se débarrasser de 85% du plomb qu’ils ingèrent, les nouveau-nés, eux, n’en rejettent que 50%, ce qui signifie que 50% du plomb est absorbé…

 

Allez, on reste dans la comparaison des adultes et des enfants :

Les adultes ingèrent peu de matière du sol (0,4 mg/jour à 20 mg/jour si l’individu jardine…), les enfants, eux, ingèrent 50 à 60 mg/jour. Normal, quand on regarde un enfant : pendant une phase de son développement, celui-ci porte tout (ou presque) à sa bouche… Et quand cette phase est finie, ce sont les mains, le pouce, ou la tétine qui arrivent très souvent à la bouche !

Autant dire que tout ce que l’enfant touche finit irrémédiablement dans sa bouche, directement ou indirectement !

 

 

Conclusion


Que conclure ? Cette brève revue des données scientifique prouve bien qu’il faut être vigilant par rapport à la santé de nos enfants : ce sont des petits d’Homme en pleine croissance ! Cependant, faute de recul, on ne peut que rappeler que la majorité des produits contenant des composés chimiques actifs (médicaments, huiles essentielles, produits de soins, …) sont très fortement déconseillés aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants de moins de 3 ans ! Alors oui, il n’y a pas d’études pour les phtalates, les parabens, l’EDTA et j’en passe… mais justement ! Pourquoi sont-ils autorisés ? Et surtout, pourquoi ça ne gène personne que les enfants en ingèrent alors que dans les laboratoires de chimie, ces produits sont manipulés avec beaucoup de précaution ???

 


 

Sources :

 

[1]Behrman RE, Kliegman RM, Arvin AM, Nelson WE, editors. Nelson textbook of pediatrics, 15th edition.

 

[2] , [3] Ginsberg G., Hattis D., Sonawane B., Russ A., Banati P., Kozlak M., Smolenski S. and Goble R. (2002) - Evaluation of child/adult pharmacokinetic differences from a database derived from the therapeutic drug literature. Toxicological Sciences, 66, 2, 185-200

 

[4] , [5] , [6]  Vieira I., Sonnier M. and Cresteil T. (1996) - Developmental expression of CYP2E1 in the human liver - Hypermethylation control of gene expression during the neonatal period. European Journal of Biochemistry, 238, 2, 476-483

 

[7]PEDIATRIC ENVIRONMENTAL HEALTH, Case Studies in Environmental Medicine, Course: SS3098, Date: July 2002

 

[8] ACUTEX (2003) - Methodology to develop acute exposure threshold levels in case of accidenteal chemical release : Workpackage 4 Sensitive Subpopulations. Bundesinstitut fur Risikobewertung (BfR). Berlin. Acutex est l'acronyme du Programme européen ACUTEX (ACUTe EXposure)

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Commentaires
Une Tribu de Jouets
  • Après le BPA dans les biberons, on trouve maintenant des pesticides dans les jouets textiles, du formaldéhyde dans les jouets en bois et des phtalates dans les jouets en plastique. Qu'en est-il de ces toxiques dans les jouets de nos enfants ?
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